vendredi 17 décembre 2010

La "Françafrique" ne meurt jamais

"Les Chefs d'Etats Africains, toujours aussi peu soucieux du bien être de leurs populations". C'est par cette phrase que se termine le documentaire "Françafrique" de Patrick Benquet dont la deuxième partie a été diffusée sur France 2 le Jeudi 16 Décembre. 


Françafrique, le documentaire qui révèle 50 ans de secrets
envoyé par bakchichinfo. - L'info internationale vidéo.



J'ai choisi de citer cette phrase car elle symbolise le puits sans fond que s'avère être la Françafrique. Cinquante ans après l'instauration de ce système, et cinquante ans après les indépendances africaines, il est aisé de se rendre compte que les hommes changent, mais le résultat est le même : certains chefs d'Etat poursuivent encore et toujours leur enrichissement personnel avant de penser à celui de leur nation, se préoccupent avant tout de leur place au pouvoir, ce pouvoir qui rend fou, et fait perdre ses repères à l'ancien opposant.


Plus déroutant, après le visionnage de ce documentaire, je comprends que les africains sont devenus les principaux acteurs du nouveau visage de ce réseau. 


Le narrateur de Françafrique explique les métamorphoses d'une nouvelle classe politique africaine. Cette  génération qui n'a pas connu la colonisation et la période post-indépendance prend les rennes du pouvoir. La nature du lien est différente: l'ancienne puissance coloniale affaiblie, ces nouveaux leaders disposent d'une plus grande marge de manoeuvre. Ils peuvent mieux que leurs aînés choisir leurs partenaires extérieurs ou être maîtriser leur diplomatie dans les organisations internationales.  


Pourtant le vieux réseau n'est pas mort.

jeudi 4 novembre 2010

Ivory Coast presidential elections in the age of Web 2.0


Here is an article I wrote for Internet Without Borders website. You can also find a french version here.


Ivorian presidential elections Took place. After months of turmoil and wrangling, the Ivorians have taken part in the first round of elections held Sunday, October 31, 2010.

The holding of the first round in a calm general atmosphere was welcomed by most commentators in the mainstream international press and observers.
New this year, online participation of many citizens of Cote d'Ivoire who organized coverage of the election day using the variety of tools available on the Internet.
     
  

Freedom of communication by SMS maintained

Contrary to the announcement of the Telecommunications Agency of Côte d'Ivoire (ATCI) last Saturday about the suspension of SMS, all means of communication were maintained. The regulator had proposed the measure for reasons of public order and to prevent the spread of "rumors". Prime Minister Guillaume Soro returned to this decision at a press conference Saturday afternoon. Maintenance by the Government of Freedom of Information and Communication in Côte d'Ivoire during the first round of elections would prove the political maturity of citizens and political actors. 



"Let us solve all our problems in peace

Note especially the initiative of Diaby Cheik Mohamed which reflects the general mood in the streets of Ivory Coast: the will to turn this election period in time of reconciliation. The Peacevote project encourages site visitors to leave messages for peaceful Côte d'Ivoire. Site promotion was done by many voices of culture in Côte d'Ivoire: Aicha Kone, Ismael Isaac ...





CoveritLive on the site Avenue225 

Israel Yoroba, a journalism student and blogger and his team of Avenue225, Ivorian information site, made the story of voting and the general atmosphere prevailing in various parts of Côte d'Ivoire. Coverage outside major cities brought a wealth of additional information. Throughout the day, real-time information of events was ensured by CoveritLive application.



The France24 Observers


An interesting coverage was also put in place by France24 Observers. Thanks to two citizen journalists, we were informed that agents of the Electoral Independant Commission (IEC) were still waiting to receive wages for their work in polling stations.

 
The Election Buzz on Twitter 


On the social network Twitter, hashtags #civ2010 #wonzomai and  #peacevote, typed hundreds of times, are also a source of information for obtaining real-time news on the election by the citizens of Côte d'Ivoire: For instance incidents in polling stations in the Paris area were immediately reported by Twitter usersvia their mobile phones. The user @ MaryMary225 reported pushings and damages caused in Créteil (France).
Thanks to these elections, the Ivorian Twitter community has been strenghthened: New twitter accounts were updated and created, as notices by Twitter user Toussine



And many like Boua_7 describe the atmosphere in the country waiting for the results




Election results monitored and updated online

AlldenY, A french web dev and strategies company, put in place a website where citizens and others can find the results of the ballot as given by the EIC. Graphs give an interesting overview of trends.


The platform Wonzomai 

The platform deployed by Akendewa and Internet without Borders, Wonzomai, is a new experience in Francophone Africa. More than one Thousand visitors were well connected on Election Day, less than a week after its launch. It has mainly contributed to the Ivorian citizen outside who could thus have a glimpse of the vital information collected via Twitter.


One difficulty, appeared: automatic replication of information received via SMS has not worked properly on election day for technical reasons. However, a manual transcription of major incidents and statements received was made by Internet Without Borders and Akendewa teams. Also the necessity to link the various election monitoring organizations on the ground and teams that  operate for the platform became obvious.



What about Facebook ?        


Hundreds of thousands of Ivorians are connected to the social networking site Facebook. As well as reviews and politics discussions occured among users, candidates have used the network to campaign, for instance the outgoing President Laurent Gbagbo, whom many users  left messages of encouragement during the campaign. Ivorian Internet users have also shared their photographs on voting day. For example Nnenna Nwakanma subscribed on Faceboo who posted the link to an album created specially for the occasion.

mercredi 20 octobre 2010

Afrique à papa: à qui la faute ? (Videos - documentaires )

Encore une série édifiante autour du cinquantenaire des indépendances. Arte présentait hier soir une série intitulée Afrique: les bons, les brutes, les truands. Jeux géopolitiques, cynisme, banques et fusils. En arrière plan la razzia sur les matières premières, la prédation des uns et l'innocence des autres.



Le premier documentaire remet sur la scène l'affaire dite des "biens Mal Acquis" de certains chefs d'Etats africains. La cour d'appel de Paris avait décidé que la plainte était finalement irrecevable. Vite vu, le jeu de chaises musicales entre les Watchdogs ( les bons ? ) les Présidents (Les brutes ? ) et les intérêts financiers  et pétroliers (Les truands ?). La fin du documentaire est énigmatique: le président congolais donne de manière inattendue dans l'autocritique.

Revoir le documentaire en cliquant ici 

Le second documentaire aurait pu également pu être intitulé: le FMI et la Banque Mondiale tuent. Le propos s'intéresse aux politiques d'ajustements structurels mises en place pour accélérer le désendettement des Etats Africains et à la servitude de la dette des pays d'Afrique subsahélienne.
Le constat est effroyable: les services publics qui sont la base du développement humain à savoir les hôpitaux, les écoles, les transports ont été décapités par la "vérité des prix" et la main invisible du marché.

Revoir le documentaire en cliquant ici


Lourd fardeau qu'est cet héritage laissé par nos pères. L'histoire jugera.

jeudi 7 octobre 2010

Apps4Africa : Hillary Clinton félicite la Silicon Valley Africaine

Lancée en Juillet 2010 à Nairobi par le secrétariat d'Etat américain aux affaires étrangères, la compétition Apps4Africa mettait à l'épreuve des développeurs africains qui devaient proposer des innovations technologiques capables de répondre à des problèmes allant de la gouvernance à la santé et l'éducation. Des acteurs clefs du secteur privé furent étroitement associés au concours, notamment iHub, Appfrica labs et SODNET.

Apps4Africa s'inscrit dans le cadre de l'initiative du département d'Etat "Société civile 2.0". Inaugurée lors d'un discours d'Hillary Clinton prononcé le 3 Novembre 2009, l'initiative a pour but de renforcer les capacités de la société civile et des organisations non gouvernementales (ONG) locales grâce aux techniques informatiques, afin de leur permettre de gérer et poursuivre leurs programmes et trouver des solutions à leurs problèmes communs.



Les gagnants ont été choisis en fonction de leur impact potentiel, la créativité et l'ingéniosité de leur application. Voici une liste non exhaustive des outils sélectionnés

-Le gagnant du concours est l'application iCow, prodution du kényan Charles Kithika. Elle permet aux fermiers, grâce à une fonction vocale sur leur portable, de suivre et surveiller les périodes de fertilité de leurs vaches dans le but de maîtriser la reproduction des bêtes et ainsi maîtriser le fonctionnement de leur ferme.

-Le deuxième sur le podium est Kleptocracy Fighters inc. Outil le plus intéressant selon moi, il permet aux citoyens d'enregistrer et rapporter en temps réel toute information relative à la corruption d'un gouvernement. Les rapports seront transmis à des partenaires juridiques et médiatiques pour suivi.

-Mamakiba est le troisième lauréat de la compétition : cette application permet à des femmes enceintes de mettre de l'argent de côté pour la naissance de leur bébé.

Pour en savoir plus sur les lauréats et les autres applications récompensées, rendez-vous ici.

Cela m'amène à poser la question suivante : une initiative similaire existe-t-elle au niveau européen ? Force est de constater que non, et pourtant, on peut penser qu'à l'instar du gouvernement américain, l'Europe aurait également intérêt à se servir des moyens technologiques, auxquels les africains ont de plus en plus accès, pour promouvoir sa politique de développement.

jeudi 23 septembre 2010

La nouvelle constitution Kényane, un heureux précédent pour les institutions en Afrique sub-sahélienne ?

“L'Afrique n'a pas besoin d'hommes forts, mais de fortes institutions.” C’est ainsi que le Président Barack Obama s’adressait au parlement Ghanéen lors de sa visite à Accra en 2008. Cette phrase pourtant courte porte en elle la clef du développement pour le continent africain selon moi. L’adoption par référendum de la nouvelle Constitution kényane le 4 août dernier est l’illustration parfaite des mots prononcés par le président américain.

Nous nous souvenons des évènements qui ont marqué ce pays en 2008 : Après l’élection de Mwai Kibaki à la magistrature suprême en 2007, des violences éclatèrent dans le pays. Sur fond d’opposition politique entre les partisans du candidat élu, et ceux de son opposant, se tramait en réalité des affrontements ethniques qui firent plus de 1000 morts, et causèrent le déplacement de 250 000 personnes. La communauté internationale s’est mobilisée sur la question,et Kofi Annan fut envoyé comme médiateur. Un accord de partage de pouvoir fut signé entre les deux protagonistes, l’Accord National et Acte de Réconciliation, créant un gouvernement de coalition, présidé par Odinga en tant que Premier Ministre. C’est ainsi que le processus vers l’adoption d’une nouvelle Constitution fut enclenché. Deux ans plus tard, un texte que l’on peut saluer pour sa teneur juridique, est approuvé à une très large majorité par les Kenyans (67,5 %). 



Ce texte est intéressant à tous points de vue, et c’est la raison pour laquelle je dois avouer être surprise du peu d’écho qui lui aura été accordé dans les médias français. Juridiquement, la nouvelle Constitution, tout en maintenant un régime présidentiel, offre des limitations au pouvoir Exécutif, augmentant par la même ceux du législatif : un Sénat est créé, une procédure de destitution du président est prévue, et l’Assemblée Nationale doit approuver les nominations de ministres. On retrouve là une application stricte de la théorie de Montesquieu. Un nouvel échelon administratif est créé, facilitant ainsi une gestion locale. En outre, le nouveau texte ouvre une garantie des droits des citoyens grâce à la proclamation d’une Charte de droits fondamentaux, et grâce à la création d’une Cour suprême.

Mais ces règles ne peuvent avoir de réelle efficacité si aucune volonté politique n’est manifestée. C’est à ce niveau que se situe la réelle possibilité de changement : l’adoption de la nouvelle constitution a été rendue possible grâce à une pression extrême exercée par la communauté internationale et par la société civile kényanne sur les deux camps au pouvoir. Si cette dernière profite de ce rapport de force favorable, et maintient la pression sur les dirigeants, c’est seulement à cette condition que pourra être assurée la mise en application et le respect du texte par les gouvernants. Concrètement, une des solutions serait que la société civile kényanne tire profit des moyens technologiques à sa disposition. Et ce pays, encore une fois, jouit d’une avancée considérable en la matière : je donnerais deux exemples.

Le premier concerne un outil qui existe depuis 2006 : il s’agit du blog Mzalendo ; celui-ci permet aux citoyens kenyans de suivre et de commenter l’activité de leurs parlementaires, dans le but de pouvoir juger leur action. C’est une mise en application de la notion de RESPONSABILITE ( ou ACCOUNTABILITY), notion dont la généralisation et la systématisation sont nécessaires pour assurer le respect des règles établies, et la pérennité de celles-ci.
Le deuxième exemple, un peu plus connu, servira à montrer comment à travers sa société civile, toute la population Kényanne a été scrupuleusement associée au processus constitutionnel : Sur le modèle d’Ushahidi (signifiant “témoignage” en kiswahili, il s’agit d’une plateforme participative créée en 2007 pour permettre aux citoyens de signaler les incidents ayant lieu pendant les évènements sanglants qui ont traversé le pays) une équipe de jeunes activistes blogueurs kenyans a développé Uchaguzi, une version customisée d’Ushahidi permettant aux électeurs de signaler tout incident électoral ayant lieu le 4 août 2010, jour du référendum constitutionnel. Grâce à cet outil, une autre notion, importante en démocratie, venait trouver sa place dans le paysage politique : celle de TRANSPARENCE.



Bien sûr, nous n’avons pas assez de recul pour savoir si oui ou non tout cela aura porté ses fruits, mais je pense qu’il était important de saluer cette avancée, et encourager celles qui se profilent. Surtout, cela nous permet de sortir de la spirale afropessimiste qui anime encore nombre d’africains eux-mêmes.