mercredi 31 octobre 2012

Cameroun : Une Liberté d'Expression dévoyée ?

Internet Sans Frontières, Pen et CPJ ont remis le 15 octobre 2012 au Conseil des Droits de l'Homme des Nations Unies un rapport, que vous pouvez lire ici [en], sur l'état de la liberté d'expression au Cameroun. Dans le document de 10 pages, les trois organisations dénoncent la persécution d'artistes, journalistes, et les barrières qui maintiennent le taux de pénétration d'Internet à 4%, malgré l'existence d'infrastructures adéquates.


Kiosque Presse à Douala au cameroun - vu sur oeildafrique.com

Le 19 octobre 2012, le Ministre de La Communication et porte-parole du Gouvernement, Issa Tchiroma Bakary, s'est adressé lors d'une conférence de presse aux journalistes camerounais pour détailler la position du gouvernement camerounais sur ledit rapport. A titre personnel, si l'on met de côté la rhétorique habituelle excessive sur les "ennemis Camerounais de la république", je trouve que c'est une bonne chose que le Ministre ait réagit, cela signifie que le sujet est préoccupant. Des réactions de journalistes et blogueurs camerounais ont d'ailleurs enrichi le débat.

Je m'intéresserai particulièrement à un billet publié sur son blog par quelqu'un que j'apprécie, Edouard Tamba. Ancien journaliste, et s'exprimant sur Internet, comme il le précise lui-même, sa position, que vous pouvez retrouver ici, quoique juste, mérite d'être critiquée à certains égards.

Il convient tout d'abord de préciser certains éléments. Contrairement a ce qui a pu être rapporté, il ne s'agit pas d'une plainte de ISF/PEN/CPJ contre le Cameroun, le Conseil des droits de l'homme n'étant pas une juridiction ; mais plutôt d'un rapport d'observations de manquements à des engagements internationaux du Cameroun en matière de droits de l'homme, remis dans le cadre de l'examen périodique universel. Une procédure spécifique au Conseil des droits de l'Homme pendant laquelle chaque État membre de l'ONU a la possibilité de s'expliquer sur la situation des droits de l'homme sur son territoire.  

Sur la question de la liberté de la presse au Cameroun

Le rapport dont il est question relève que la législation camerounaise est détournée et utilisée pour entraver le travail des journalistes camerounais. Les organisations s'appuient notamment sur le cas de Germain Cyrille Ngota Ngota, dit Bibi Ngota, ancien directeur de publication de l'hebdomadaire Cameroun Express décédé en prison le 22 avril 2010. Le rapport n'est d'ailleurs pas le premier à dénoncer cette interprétation abusive faites par les autorités camerounaises, et leur technique qui consiste à transformer des délits de presse en "simples" délits de droit commun : la Fédération des Journalistes Africains (FJA), dans un rapport de 2010, relevait déjà que ces quatre dernières années, au moins 14 journalistes reconnus ont fait l'objet de ce harcèlement pénal. Lors de sa conférence de presse du 19 octobre 2012, le Ministre de la communication a réaffirmé que les délits de presse ne sont pas passibles de peine privatives de liberté ; toutefois, il distingue les infractions de droit commun pour lesquelles il reconnait que des journalistes peuvent être emprisonnés, confirmant ainsi le discours dénoncé par Internet Sans Frontières, Pen, CPJ et la FJA.

 Cette rhétorique semble fonctionner, puisque c'est avec surprise que j'ai réalisé que le cas de Bibi Ngota, comme celui d'Enoh Meyomesse, actuellement en détention provisoire depuis 11 mois, ou encore Lapiro de Mbanga, emprisonné lui aussi en 2008, ne trouvent grâce aux yeux de certains commentateurs.

 L'affaire Bibi Ngota commence le 10 mars 2010 lorsque ce dernier et deux de ses confrères sont arrêtés par la Direction Générale des Renseignements Extérieurs, le service de renseignement camerounais, au motif qu'ils auraient produit de faux documents mettant en cause le Secrétaire Général de la présidence de l'époque, Laurent Esso, dans une affaire de rétro commissions. Il a été placé dans une des ailes de la prison centrale de Yaoundé, Kondengui, appelée Kosovo, nom inspiré par les conditions de détention qui y sont particulièrement déplorables. Le journaliste et ses confrères ont toujours nié être les auteurs du faux, et ont expliqué que le document devait leur servir pour une interview sollicitée auprès du Secrétaire Général dans le cadre de l'investigation qu'ils disaient mener. Un mois après son arrestation, le journaliste trouvait la mort en cellule. Que s'est-il passé ? Selon le gouvernement camerounais, Bibi Ngota aurait succombé en quelques jours à une infection opportuniste liée au virus du SIDA, bien que la famille nie la réalité de cet état de santé. Pourquoi a-t-il été emprisonné malgré un état de santé déjà préoccupant ? Pourquoi est-ce la DGRE qui a été chargée d'abord d'enquêter sur ces délits de droit commun que sont le faux et l'usage de faux ? Malgré la mobilisation des journalistes camerounais et de la famille de l'ancien directeur de publication, aucune enquête indépendante n'a été menée pour déterminer les causes exactes de sa mort, et faire la lumière sur les accusations de torture faites par ses proches.

Bibi Ngota est-il mort pour son travail de journaliste ? A défaut d'enquête nous ne pourrons répondre avec certitude. Les autres cas cités dans le rapport ISF/PEN/CPJ méritent-ils de passer par la case prison ? Je ne pense pas, car je crois en la présomption d'innocence, et considère que rien ne justifie qu'un citoyen soit placé en détention provisoire, c'est à dire sans jugement, pendant une durée bien trop longue et dans des geôles dont on connait l'état de déliquescence.

Au contraire, je vois dans ces différents cas des exemples de cette loi, interprétée, détournée par le gouvernement camerounais pour empêcher des investigations qui le gêneraient. Oui effectivement, on peut citer l'existence de plus de 500 publications au Cameroun. Mais pluralisme ne veut pas dire indépendance et encore moins liberté de la presse. Bien au contraire, pour poursuivre la réflexion entamée par mon ami Florian Ngimbis sur son blog, une presse qui aboie tous les jours sur l'homosexualité de l'homme d'état Camerounais est beaucoup moins dangereuse que celle qui s'intéresse de trop prêt à la mauvaise gestion de notre pays.

En définitive, c'est le lecteur et citoyen camerounais qui est pris en otage : rappelons nous le rôle véritable de la presse, vous savez ce quatrième pouvoir sensé permettre au citoyen de garder un œil sur les actions et le bilan de ceux qu'il a élu. Les journalistes camerounais n'ont aujourd'hui pas les moyens, aussi bien financiers que juridiques, de fonctionner librement, pas les moyens d'enquêter, comme le relève parfaitement Edouard Tamba. Alors que font-ils? C'est moins compliqué et ça coûte moins cher d'enquêter sur la prétendue homosexualité d'un ministre que d'enquêter sur le dysfonctionnement de nos institutions.

Bien sûr il faut réprimer les abus d'une certaine presse, mais autrement que par l'utilisation abusive du système carcéral, au risque d'avoir d'autres Bibi Ngota. L'arsenal juridique camerounais peut prévoir les peines adéquates pour ce type d'infractions : pourquoi pas des amendes, ou encore l'insertion d'un communiqué de presse relatif à la condamnation de la publication litigieuse. La protection des sources journalistiques doit aussi être une priorité.

Loin d'être contre le Cameroun, ce rapport permet ce débat qui anime toutes les démocraties aujourd'hui, même les plus "exemplaires". A l'approche des États Généraux de la Communication, prévus du 5 au 7 décembre 2012, s'interroger sur les faiblesses de la presse camerounaise, sur le statut du journaliste camerounais ne peut que participer à l'émergence de cette presse indépendante, et donc performante, grâce à laquelle le gouvernement ne serait plus à la merci des dépêches de telle ou telle autre agence internationale. Une presse capable de produire à l'attention des citoyens camerounais une information de qualité. Pourquoi pas un jour un Al Jazeera Camerounais ?  

Sur la liberté d'expression et d'accès à Internet

Après avoir rappelé les engagements internationaux du Cameroun en la matière, et la législation nationale, le rapport pointe le taux de pénétration ridiculement bas d'Internet au Cameroun (4% selon l'UIT). Ridicule parce que ce n'est pas le défaut d'infrastructures qui explique ce chiffre, mais un défaut de gouvernance... je n'ose pas dire mauvaise gouvernance.

Comment expliquer que le Gabon, pays voisin du Cameroun, facture aux Fournisseurs d'Accès à Internet (FAI) 295 USD 1264 Kpbs de bande passante, quand au Cameroun ceux-ci doivent payer 2363 USD ; alors que la connectivité de ces deux pays est assurée par le même cable sous marin, le SAT3 ? Selon le rapport, cet état de fait est du en grande partie au manque de libéralisation du marché des télécommunications camerounais, et la position dominante de la compagnie nationale, qui détient et abuse du le monopole de la gestion de l'accès des FAI à la bande passante. Ajoutons à cela des autorités de régulation dont l'indépendance est discutable, et l'on obtient un coût d'accès à Internet exorbitant pour le consommateur camerounais. Pourtant, le Cameroun proclame le droit à un accès universel dans sa loi nº2010/013 (article 4 et 27 ensembles).

Ces barrières tarifaires, ce manque de gouvernance, combinés à une loi sur la cyber sécurité et la cyber criminalité ne favorisent pas une participation plus importante des camerounais sur Internet.

Mes réflexes de juriste m'ont poussée à rechercher un commentaire de la loi nº2010/012 sur la cybercriminalité. Faute d'en avoir trouvé, je m'y suis attelée, et j'ai été quelque peu gênée de constater que le parlement camerounais semble partir du principe que tout internaute camerounais est un cybercriminel en devenir. En effet les FAI et les fournisseurs de contenu sont tenus par cette loi de conserver les données de leurs utilisateurs pendant 10 ans, et les représentants de la force publique peuvent y avoir accès sur simple demande, sans que des circonstances de temps et de lieu ne soient précisées, et sans que l'intervention de l'autorité judiciaire, gardienne des libertés individuelles, ne soit requise. On ne sait pas de quelle données il s'agit. Ne parlons pas du droit à l'oubli qui ne semble pas avoir préoccupé plus que cela nos parlementaires : ce que j'ai écrit ou fait sur la toile il y a 10 ans ne correspond pas forcément à mes intérêts actuels.

C'est parce que des restrictions aux libertés individuelles sont en jeux que la loi doit être strictement définie, et doit prévoir la mise en œuvre de moyens juridiques proportionnels au but et à l'infraction poursuivie. C'est justement ce que le rapport reproche à cette loi : parce qu'elle est disproportionnée et insuffisamment précise, elle porte en elle un caractère liberticide. S'il est vrai qu'elle n'a pas encore trouvé à s'appliquer, il demeure que nous ne savons pas qui demain dirigera le Cameroun, notre cher et beau pays pourrait tomber entre les mains d'un individu ou d'un pouvoir peu scrupuleux.

 Loin d'être un outil dont on devrait avoir peur, Internet est aujourd'hui reconnu comme outil de développement social et économique. Une étude [en], dont je parlais déjà dans ce billet, a démontré qu'en Inde, 10% d'accroissement du nombre d'internautes correspondent à 1,08% de croissance supplémentaire du PIB. A bon entendeur...

dimanche 5 août 2012

Ghana : Une anomalie démocratique

Ci-dessous la traduction de mon dernier éditorial publié par Al Jazeera English sur les raisons qui peuvent expliquer l'absence de drame politique et la succession constitutionnelle en douceur qui ont suivi la mort du président ghanéen Atta Mills le 24 Juillet 2012.
 

Tumi te se kosua, woso mu den a epae;
Na woanso mu yie nso a,
Efiri won sa bo famu ma epae.

Le pouvoir est fragile comme un œuf ;
Quand on le tient trop fermement, il casse.
Quand on le tient trop mollement, il tombe.
Proverbe Akan 

Coupures de Cedi - image postée par yawowusu.blogspot.co.uk


Dans la deuxième moitié du XVIIème siècle, alors que régnaient sur l’Europe des monarchies absolues de droit divin comme celle du français Louis XIV,  Notsé, une Cité-État  vieille de plus de 3 siècles  située dans l’actuel Togo s’effondrait à la suite d’une guerre interne qui selon l'histoire  donna naissance à la dispersion du Peuple Ewé à l’Ouest du fleuve Volta vers l’actuel  Ghana.  La chute de la cité est attribuée au comportement politique de Son  Roi d’alors, Togbè Agokoli, qui devenu despotique et tyrannique,  avait décidé de violer  les institutions politiques de nature démocratique de sa cité dont l’organisation était réglée notamment par le mode électif. Certaines nations qui peuplèrent la partie occidentale du golfe de Guinée  connurent des institutions politiques de nature démocratique.

Si la mort du Président Ghanéen Atta Mills le 24 juillet dernier n’a généré aucun drame politique comme il est parfois de triste coutume dans l’Afrique contemporaine,  c’est peut-être aussi parce qu’à la différence de ses proches voisins du Golfe,  le pays consolide sa démocratie et ses institutions politiques  après son indépendance acquise en 1957 en ne les départissant pas complètement d’ habitudes et de coutumes institutionnelles pluri-séculaires.

Le résultat de la dernière élection présidentielle en 2008 rappelait pourtant celui de Bush Al Gore, en donnant au gagnant Atta-Mills une victoire de 50.23% contre 49,77 % à Nana Akufo-Addo.  Aucune tragédie particulière ne fut relevée, le résultat fut accepté par le perdant, et l’organisation de cette élection est même devenue un cas d’école à l’adresse d’autres gouvernements africains.  La prochaine élection ghanéenne du 7 décembre prochain sera la cinquième depuis 1992, dont la transparence et les conditions d’organisation en auront fait quasiment les moins contestées de tout le continent. Depuis cette date le Ghana aura connu deux alternances politiques, la présidence du président décédé Atta Mills ayant été saluée comme étant celle de la consolidation des acquis démocratiques ghanéens.

Equilibre entre institutions traditionnelles et Etatisation moderne

La survivance et la constitutionnalisation  des conseils traditionnels dans l’espace judiciaire ghanéen a permis une meilleure gestion des conflits fonciers, plus performante que celle enregistrée sur la même question par « la statutory justice »  Ghanéenne. Il faut rappeler que les conflits qui portent sur la terre sont parmi les premières causes des querelles ethniques et de polarisation des identités ethniques en Afrique sub-saharienne, comme l’expérimente depuis plus d’une décennie le voisin ivoirien du Ghana.   

La réaction apathique mais non jubilatoire du peuple d’Accra après le coup d’État militaire qui déposa le premier dirigeant et héros de l’indépendance du pays Kwame Nkrumah en 1966 doit peut-être aussi son explication à la limitation excessive qu’il opéra dans les prérogatives des chefs traditionnels : le Chieftancy act de 1961 qui réduisit leurs pouvoirs à leur plus faible expression fut un point d’orgue d’un mouvement entamé dès 1957 .  Surnommé « Osagyefo », un mot en langue twi qui signifie Rédempteur, Nkrumah fut aussi un des pères du panafricanisme.  Dans un élan de centralisation excessive des pouvoirs, il estimait que la conservation politique des autorités traditionnelles  était un frein à l’unification d’entités politiques Étatiques africaines.

A l’évidence à côté de cet  équilibre entre institutions traditionnelles et modernes,  d’autres facteurs politiques et historiques ont fait du Ghana un État d’afrique sub-saharienne dont la performance démocratique est saluée.

Des symboles identitaires forts

Parmi les autres causes historiques qui ont conféré au pays ce label de quasi ovni politique dans le Golfe de Guinée, alors que sa trajectoire politique du dernier demi-siècle ressemble sous quelques traits à celle de ses voisins, il y a les symboles.  Ces derniers ancrent l’identité, l’éveil ainsi que la conscience politique des nations et des peuples. Les enfants ghanéens, contrairement à ceux de la quasi totalité des pays francophones voisins du Golfe,  ont besoin de peu pour connaître l’histoire tragique de l’indépendance de leur pays de l’espace colonial britannique. Sur la plupart des coupures de  la monnaie nationale, posent les Big Six, emprisonnés après les émeutes qui donnèrent le coup d’envoi à la lutte pour l’indépendance que l’histoire nationale tient pour principaux héros de celle-ci.

A titre de comparaison, Le Cedi, contrairement au Franc Cfa, est une monnaie dont la souveraineté est détenue pleinement par le pays. Son taux directeur est fixé par la banque centrale Ghanéenne, et non à 7000 km comme c’est le cas pour le Franc Cfa de 14 autres pays situés dans la partie occidentale et centrale de l’Afrique, dont les billets sont toujours imprimés à Chamaillères, un village quasiment inconnu de ceux qui utilisent cette monnaie, perdu au centre de la France.   Peu de travaux existent sur la question, mais l’appropriation  du symbole des échanges fut peut-être une des raisons  pour laquelle le Ghana fut le meilleur élève des programmes de désendettement des institutions internationales au tournant des années 1980.

En sortant de leurs classes dans les Rues d’Accra, les jeunes enfants intègrent aussi cette histoire nationale en contemplant les monuments et les noms de boulevard dédiés à ces illustres anciens. Les Big Six, parmi lesquels deux anciens présidents et deux ministres des affaires étrangères sont tous passés par la case Prison. Dans les années cinquante et à l’aube des années soixante, la plupart reçurent le surnom de PG « Prison Graduate », ils savent contrairement aux enfants ivoiriens ou togolais par exemple, que l’indépendance ne fut pas une concession des anciens colons, mais obtenue de haute lutte, et donc que leur avenir leur appartient un peu plus.

Institutionnalisation de contre-pouvoirs forts

En tentant de répondre à un appel d’offres de la banque mondiale, dont l’objet portait sur la mise en place d’une plateforme numérique qui permettrait aux citoyens de surveiller l’utilisation de la manne générée par les industries extractives, j’ai pu observer la vitalité de la société civile ghanéenne et ses méthodes d’organisation, qui la mettent à part des autres sociétés civiles appartenant aux États pétroliers du golfe de Guinée.  De nombreuses organisations de sauvegarde des droits sociaux des citoyens redoutées pour leur expertise dans le domaine du gaz et du pétrole se sont ainsi constituées depuis le milieu des années 2000.  Elles veillent à ce que le gouvernement implémente et exécute des lois qui contribueront à mieux faire profiter de la manne pétrolière au peuple ghanéen, tordant ainsi le cou aux oracles des pessimistes qui font rimer pétrole et malheur en Afrique. La Constitution de la Quatrième République, adoptée en 1992, a transformé l’environnement politique ghanéen en permettant aux organisations de la société civile d’avoir des moyens pour leurs actions  et d’influencer durablement les politiques mises en place par leur gouvernement.  

Le mode d’adoption de cette loi fondamentale fut également singulier. Des 43 pays qui se sont engagés dans un processus de libéralisation démocratique au début des années 1990, seule une infime poignée, dont le Ghana, adopta une constitution qui reçut l’onction du peuple par référendum direct : le peuple ghanéen adopta favorablement sa loi fondamentale à plus 92% de voix favorables. Cette Loi établit des garanties d’indépendance à la justice, aux médias et aux corps intermédiaires qui permirent d’encadrer l’influence des logiques néo-patrimoniales  dans l’espace politique et ainsi de faciliter le processus de transition.

Neo-patrimonialisme et mise en oeuvre de la Constitution

Le Ghana n’échappait pas au néo-patrimonialisme à l’orée de la vague des libéralisations politiques des années 1990. Ce système est encore majoritaire dans de nombreux pays d’Afrique sub-saharienne. Il se caractérise notamment par la non distinction entre les biens publics et les biens privés et induit des systèmes de clientélisme politique dans lesquels généralement un « big man » et une oligarchie vont  s’approprier la réalité du pouvoir économique national et ainsi se constituer des prébendes que même une élection transparente aura du mal à limiter.  La mise en œuvre de contre pouvoirs forts garantis par une Constitution contractualisée par l’assentiment libre et éclairé d’une majorité des citoyens semble avoir permis au Ghana de passer avec succès la phase de transition vers celle de la consolidation de son État de droit démocratique.

L’autoritarisme n’est donc pas une fatalité en Afrique sub-saharienne, et les principes universalistes qui permettent la participation politique de tous et le respect des droits ne nécessitent pas une acclimatation tropicale. Le Ghana est là pour le prouver. Une constitution, même la mieux rédigée qui soit, ne suffit pas non plus. Il faut aussi qu’elle soit exécutée. En observant l’état politique ghanéen je pense à d’autres pays d’Afrique sub-saharienne et en particulier au mien, le Cameroun.  Dans l’hypothèse de vacance du pouvoir, nous nous retrouverions dans une belle galère politique: la constitution actuelle prévoit qu’en cas de vacance du président de la République, le président du Sénat assure l’intérim jusqu’à l’organisation d’une nouvelle élection et la prise de fonction du nouveau président. Nous avons un problème que n’expérimente pas le Ghana :  Le Sénat existe dans la constitution, son fonctionnement est même réglé par des lois organiques, mais vous ne trouverez pas de bâtiment au Cameroun où ce dernier se réunit habituellement, parce que ni lui, ni aucun sénateur d’ailleurs, n’existent en réalité.

On voit une fois de plus que ce ne sont pas les élections qui font une démocratie, ni ne construisent une nation libérale ; mais un continuum historico-politique. Lorsque les lois fondamentales sont le reflet de traditions démocratiques ou participatives anciennes, elles garantissent de meilleures institutions, acceptées du plus grand nombre.

 

mercredi 23 mai 2012

Internet At Liberty 2012 Conference: Let's Discuss The Future Of Free Speech Online

What is the future of freedom of expression on the Internet, at a time when in several parts of the world, governments (fr) are increasingly advocating for the control of the digital space ?

Hard at work 6/365
Hard at work 6/365Par Louish Pixel ☆ CC - Flickr / Creative Commons


Internet activists, academics, and policy makers will discuss this issue on May 23, and May 24, 2012 during the Internet at Liberty conference, sponsored by Google in Washington DC.

I have the honour to attend the event, live from the Newseum. I am really looking forward to exchanges on this crucial issue: free speech online is particularly at risk on the African continent.

A livestream of the conference will be available on Youtube. You can use hashtag #InternetLiberty on Twitter and follow @InternetLiberty for updates, comments and questions.

Agenda

dimanche 20 mai 2012

Happy reunification day !

On May 20, 1972, the Federal Republic of Cameroon became the United Republic of Cameroon. Following a referendum, the english speaking part and the francophone one unified in the same unitary State. 
As some express a slight inclination towards secessionism (fr), I highly recommend the reading of this post (fr) by Cameroonian blogger Jasemene Emene Mpacko: it reminds us that despite the difficulties that may sometimes face 200 "ethnic groups" in living together,
  The Cameroonian is a strength that ignores itself, a neglected potential, he/she cultivates futile divisions, but he/she is also a free spirit, a soul of warrior, a heart of gold.
Happy reunification day to all my sisters and brothers of the "Little Africa":-) !

Bonne fête de la réunification !

Le 20 mai 1972, la République Fédérale du Cameroun devient, à la suite d'un référendum, la République Unie du Cameroun. La partie anglophone et francophone du pays se sont ainsi vues réunifiées dans un seul et même État unitaire. 

En ces temps où certains expriment des velléités sécessionnistes, je conseille vivement la lecture de ce billet de la blogueuse camerounaise Jasemene Emene Mpacko : elle nous rappelle avec justesse que malgré les difficultés que peuvent parfois éprouver 200 "ethnies" à vivre ensemble,
Le camerounais est UNE FORCE qui s’ignore, un potentiel négligé, des divisions futiles qu’il cultive, un esprit libre, une ame de guerrier, un coeur d’or.
Bonne fête à toutes mes soeurs et tous mes frères de la "Little Africa" :-) !

lundi 16 avril 2012

VIDEO : la micro-influence digitale des jeunes africains

Vous trouverez ci-après la vidéo, le texte et le support de ma présentation lors de l'évènement organisé le 14 avril 2012 par l'association Versatile.

Vidéo



Présentation


Texte

Je vais vous parler de la micro-influence digitale des jeunes africains. Je parle de jeunes africains, car à travers quelques exemples glanés sur le continent, je vais tenter de démontrer quels sont les enjeux d’une participation plus importante des jeunes camerounais, particulièrement ceux de la diaspora, sur la toile. Surtout, je proposerai quelques pistes de réflexion pour rendre cette participation efficace.

Je vais d’abord m’intéresser à ce qui est devenu une affaire. Ceci n’est pas l’affiche de la campagne présidentielle du prochain président de l’Ouganda. Elle représente Joseph Kony le chef de l’armée ougandaise dite de Résistance du seigneur. Vous avez certainement reconnu cette affiche, c’est celle de la campagne qu’a lancé une ONG américaine “Invisible Children” qui a réalisé cette vidéo, vue par plus de 100 millions d’internautes dans le monde et qui a fait le tour des des télévisions diffusées par satellite de la planète. Il y a un problème: la réalisation de ce film à destination d’Internautes du monde entier n’est pas l’oeuvre d’un africain, mais celle de Jason Russell, un jeune américain qui vit dans les faubourgs de San Diego en Californie. Beaucoup se sont demandés : “mais comment cette vidéo, longue au demeurant, et donc a priori pas adapté au format traditionnel des vidéos à succès, a-t-elle pu battre tous les records de l’histoire d’Internet. Une étude intéressante révèle une information capitale : contrairement à ce que l’on a cru, ce ne sont pas simplement les tweets d’Oprah Winfrey, d’Ellen de Generes et autres stars qui ont déclenché la frénésie. Mais Invisible Children s’est en fait appuyé sur un réseau préexistant de jeunes militants, principalement originaires du sud des USA, et chrétiens évangélistes comme Jason Russell. IC a travaillé son réseau pendant les 4 années qui ont précédé le lancement de la vidéo Kony 2012 : et c’est parce que chacun des individus de ce réseau a envoyé un, voire plusieurs tweets à des célébrités identifiés le jour où la vidéo a été pubiée sur Youtube que ces dernières après l’avoir visionnée, ont posté un “Tweet” indiquant qu’elles étaient choquées.

La vidéo a causé de vives réactions en ligne, et comble du malheur quelques jours après le succès de son court-métrage, Jason Russell a été arrêté pour ivresse publique et atteinte à la pudeur, comme vous le voyez sur cette vidéo. Comme l’a dit une connaissance sur le réseau social Twitter, il ne faut jamais sous-estimer le pouvoir des marabouts africains.

Plus sérieusement, ce qui m’a le plus frappé, c’est la risposte rapidement organisée par la communauté Sud et Est Africaine, plutôt anglophone : les premiers à avoir pointé les limites de la campagne vidéo d’Invisible Children sont des éthiopiens, des kényans, des nigérians. Mais surtout des ougandais, réunis autour de certains blogueurs influents comme Rosebell Kagumire, qui vit à Kampala et a travaillé dans le Nord où Kony sévissait ; ou encore Timothy Ruge, co-fondateur de Project Diaspora, une organisation dont le but est de mobiliser la diaspora africaine pour le développement du continent. C’est finalement grâce à cette communauté que nous avons pu prendre du recul par rapport à la vidéo : simplification à outrance d’un conflit complexe, perpétuation de l’image Épinal de l’africain qui attend d’être sauvé, au passage la vidéo oublie de nous spécifier que Kony a quitté le Nord de l’Ouganda depuis 2006, et surtout, grâce à cette communauté, nous apprenons que du pétrole a été récemment découvert en Ouganda. De quoi mettre les choses en perspective. Ces réactions ont inspiré la chaîne d’information Al Jazeera English qui a mis en ligne sur son site une page spéciale réservée aux réactions des ougandais sur la campagne d’Invisible Children.

L’affaire Kony est riche d’enseignements, et nous conduit à nous poser une question fondamentale : comment optimiser l’organisation digitale des jeunes camerounais autour des problèmes qui nous concernent ? Et comment transformer cette participation en une opportunité pour le Cameroun ?

Une partie de la réponse repose, selon moi, sur nos épaules, celle de la jeune diaspora. À mon sens, nous avons la lourde mais ô combien stimulante responsabilité d’être les ambassadeurs en ligne de nos pays. Or l’une des tâches d’un Ambassadeur, c’est d’assurer le “personal branding” de son pays.

1. Nous devons raconter notre Cameroun en ligne

Cette photo ne vous dit peut-être rien. Je vous rassure je n’aurais pas su qui c’était moi non plus avant de préparer ma présentation d’aujourd’hui. Il s’agit de Denis Diderot, le rédacteur de l’Encyclopédie ou dictionnaire raisonné des sciences et techniques. Ce qui est intéressant dans l’histoire de la naissance de ce projet c’est qu’il devait être à l’origine la traduction d’une autre encyclopédie, écrite par un anglais. L’encyclopédie de Diderot doit son originalité et certainement sa postérité au fait que Diderot et les autres traducteurs n’étaient pas d’accord avec les approximations faites sur les sujets qui concernaient directement la France. Précisons au passage qu’elle est tenue en partie pour responsable intellectuelle de la révolution française 15 ans plus tard.

Cette autre photo vous parle certainement plus (Jimmy Wales, fondateur de Wikipedia), Wikipédia est l’un des 6 sites les plus visités au monde. Jimmy Wales n’est pas un encyclopédiste au sens de Diderot. Il est le Gutemberg de l’encyclopédie de l’ère d’Internet. Il a fourni un outil libre, ouvert, sur lequel nous avons le devoir de devenir tous des encyclopédistes.

Voici la Page Wikipédia du Cameroun. En regardant les statistiques qui se rapportent aux éditeurs de chaque page, je me suis rendu compte tout d’abord du faible nombre de personnes qui sont répertoriées comme contributeurs. Parmi les 10 contributeurs les plus actifs 7 sont français ; et parmi les 4 premiers, qui ont édité 70% de la page, il y a 3 retraités français dont un alsacien qui vit au Cameroun.

Or Aujourd’hui lorsqu’un investisseur étranger ou un journaliste économique s’intéresse au Cameroun, il y a de fortes chances, avant qu’il n’approfondisse ses recherches, qu’il aille sur cette page (économie du Cameroun sur Wikipedia). Comme par hasard, le principal contributeur de cette page est le retraité alsacien dont je vous parlais tout à l’heure. Et il n y a donc rien d’étonnant à ce que la première rubrique qui apparaisse soit celle qui concerne le “Chômage”, avec d’ailleurs énormément d’approximations. Je vous parle de ceci parce qu’il va falloir que tous nos spécialistes, pas seulement en économie, se mettent à l’édition sur Wikipédia, elle est libre, simple, accessible, sinon d’autres personnes risquent encore de raconter notre histoire et de dire qui nous sommes à notre place.

Si nous effectuons le même type de recherche statistiques sur Wikipédia pour un autre pays, comme le Kenya par exemple, au niveau des contributeurs, de la qualité et de la précision du contenu, nous nous rendons compte qu’il est possible d’avoir une stratégie sur Wikipédia. (4000 contributeurs pour le Kenya, et quelques 600 pour le Cameroun)

Il devient nécessaire que nous racontions notre propre histoire que nous vivons actuellement, et cela d’autant plus que nous vivons un momentum historique.

2. Jeunesse + Augmentation accès Internet


Notre continent a l’avantage d’être le plus jeune au monde : l’âge médian y est de 17 ans. Au Cameroun, la moitié de la population a moins de 19 ans. Il faut ajouter à cela une autre information capitale pour le sujet qui nous intéresse. À l’image de cette vidéo où l’on voit le traffic aérien sur une journée dans le monde, une infographie Google Search montre que le continent entre dans le concert digital des nations. L’image ci-après peut être très différente dans 2 ou 3 années, elle montre une image du volume des recherches sur le moteur Google par langues. On voit en vert clair l’image des recherches en anglais et la grande tour bleue, c’est l’île de France.

L’Afrique est le continent aujourd’hui avec le plus fort taux de croissance de la pénétration d’Internet, sur le continent il est de 37%. Au Cameroun il Y a un an nous avions 4% de la population qui avait accès à Internet, ce taux a doublé en un an et nous sommes à 8% aujourd’hui. A l’horizon 2015, il est fort probable qu’au moins la moitié de la population aura accès par un moyen ou un autre au réseau mondial. Il y a 170 millions de francophone en Afrique et la moitié d’entre eux a moins de 20 ans. Cette carte pourrait donc être très différente d’ici 3 ans.

Nous vivons un momentum, celui du devoir de participation, du devoir du partage de l’information. Il nous faut sans relâche tisser notre toile par delà le Sahara, penser que chaque lien avec un internaute, ami, ancien camarade de classe, membre de notre famille au Cameroun ou avec un autre membre de la diaspora africaine francophone ou anglophone quand nous parlons cette langue, que chaque lien fort que nous créons en ligne fabrique la communauté puissante de demain. Partager le maximum d’information publique sur les réseaux sociaux.

3. Ce que nous pouvons réaliser en nous organisant sur Internet ...

- Prenons l’exemple d’une de ces questions qui m’a permis de comprendre que les problèmes des diasporas africaines étaient très souvent en intersection : la question du coût exorbitant des communications vers l’Afrique. Nous avons tous eu à acheter des cartes téléphoniques pour appeler “moins cher” (j’insiste sur les guillemets) au pays. Ou peut-être certains se sont-ils fait avoir comme moi sur leur première facture en appelant directement du fixe. Autant d’argent dépensé qui ne pourra pas être réinvesti. Mais lorsqu’on va en ligne, on se rend compte que ceux qui parlent le mieux actuellement de ce problème crucial sont les haïtiens : Des haïtiens de la diaspora se sont récemment insurgés contre une surtaxe des appels internationaux entrants dans leur pays. Ce modèle de surtaxe a été préconisé par un homme politique Haitien de premier plan dont la société a proposé ce modèle de surtaxe à tous les pays francophones africains. 0,225 dollars par minute de surtaxe du prix pour les appels qui passent par Voix Sur IP, autrement dit, indirectement par le réseau Internet. Cette surtaxe est à peu de chose près le prix que nous payons quand nous avons appelons à Dakar, à Ouagadougou ou à Sangmélima. En nous organisant sur Internet comme l’a fait la diaspora Haitienne, nous pourrons peut être obtenir plus de transparence sur cette question et savoir si oui ou non, nos diasporas ont financé indirectement la dernière élection présidentielle Haïtienne.

- Autre problème, sur lequel je travaille actuellement : celui du défaut d’électricité. Le manque d’électricité affecte nos proches sur place. Et même nous, en décidant d’aller investir au Cameroun, en plus des risques économiques traditionnels liés à l'entrepreneuriat, nous devons également anticiper sur le risque énergétique. Problème : aujourd’hui aucune donnée exacte, fiable n’est disponible sur le coût du défaut d’électricité sur la collectivité camerounaise. En partenariat avec des ingénieurs camerounais, et européens, nous sommes en train de construire la plateforme Feowl qui sera déployée dans un premier temps à Douala, et aidera à apporter des réponses non seulement aux consommateurs sur le risque énergétique encouru pour leurs appareils électroménagers ou leur business ; mais également aux autorités responsables qui auront ainsi des données précises sur les besoin d’une mégalopole africaine de taille moyenne comme Douala.

Et surtout sans électricité à Douala, tout ce que je viens de vous exposer ne sert à rien.

Conclusion :

Pourquoi parler de micro-influence : car ce sont finalement nos petits gestes, nos micro interactions, et surtout notre organisation qui nous permettront d’impacter plus largement nos environnements.

Je lisais hier ceci sur la page Facebook d'un ami:

“L'heure de l'Afrique a sonné. (...) C'est le temps de l'afro-réalisme qui doit préparer l'afro-optimisme.”
L’afro-réalisme c’est être conscient de toutes les données relatives aux potentialités de notre continent, en tirant avantage de la possibilité que nous offre Internet d’être en réseau avec le monde africain francophone et anglophone et d’avoir accès à l’information. Nous devons nous servir de tous ces leviers pour construire stratégiquement le futur. Ne perdons jamais de vu que le continent c’est un milliard de consommateurs potentiels, et nous devons, cette fois, être les premiers à en profiter.

Merci

lundi 9 avril 2012

La micro-influence digitale des jeunes africains

Selon différentes estimations de la Banque Mondiale, plus d'un quart du PIB du Cameroun proviendrait de l'activité économique de sa diaspora.

Cette influence ne se limite pas simplement aux transferts des fonds : La conférence au cours de laquelle j'interviendrai le Samedi 14 Avril 2012 portera sur les pistes de réflexion autour des voies que peuvent emprunter les jeunes de la diaspora pour influencer aussi le développement de leurs pays. Elle jouit en effet aujourd'hui d'un contexte plutôt favorable.

Un continent jeune

L'âge médian au Cameroun est de 19 ans, autrement dit, 1 camerounais sur 2 a moins de 19 ans. Ramené à l'ensemble du continent, la statistique tombe à 17 ans. Ce chiffre nous renseigne sur l’extrême jeunesse démographique de l'Afrique. Mais il suggère également la nécessité pour les jeunes de la diaspora de créer un lien direct avec cette jeunesse pleine de ressources qui vit sur le continent. Cette idée trouve un écho dans la place prépondérante que prend Internet dans l'économie et le développement des nations. Une étude vient de démontrer qu'en Inde, 10% d'accroissement du nombre d'internautes correspond à 1,08% de croissance supplémentaire du PIB.

Une révolution numérique en marche

Quelle est la place et le rôle de cette jeunesse dans ce monde où la circulation des personnes, des biens et des idées donne de l'espoir aux uns, et inquiète les autres?


Je m’intéresserai particulièrement à la circulation des idées et de l'information car une révolution en la matière est en marche sur le continent africain. À l'image de cette vidéo sur la circulation des personnes, qui décrit 24 heures d'activité de l'aviation civile dans le monde, l'Afrique Sub-saharienne entre dans le concert numérique mondial. Le contient est l'endroit du monde où le taux de croissance du taux de pénétration d'Internet a été le plus fort entre 2005 et 2010, avec 34% selon les estimations de l'Union Internationale des Communications. Les photos suivantes attestent de ce dynamisme naissant: elles représentent le volume des recherches effectuées sur le moteur Google en fonction de la langue.

Google Globe Experiment - le volume des recherches par langue dans le monde http://workshop.chromeexperiments.com/globe-search
On voit distinctement les grands faisceaux lumineux verts clair aux endroits géographiques correspondant à l'Île-de-France et la grande banlieue de Londres en bleu ciel. Plus loin à gauche de l'autre côté de l'Atlantique, on distingue la côte Est américaine. La croissance démographique conjuguée à celle du taux de pénétration indique que d'ici 2 à 3 ans la carte ci-après sera sensiblement différente.
Google Globe Experiment - le volume des recherches par langue dans la bande Nilo-Sahélienne et le Golfe de Guinée http://workshop.chromeexperiments.com/globe-search

Mon propos lors de la conférence organisée par l'Association Versatile sera de mettre l'accent sur les enjeux liés à la présence et à la participation digitale de la jeune diaspora camerounaise, et la nécessité d'approfondir les liens avec leurs pairs et amis qui vivent au Cameroun et dont les objectifs et réalités ne sont plus si éloignées à l'heure de l'hyper dématérialisation des échanges.

Je vous invite à venir nombreux prendre part à la discussion.


mercredi 14 mars 2012

Feowl: data journalism for better electricity supply in Douala

Two months ago my boyfriend desperately tried to make a call to Douala, Cameroon. He was panicked because he had an appointment with his cousin on Skype and couldn't reach him. I told him there was probably a power cut, and advised him to wait. He replied that he was worried. The lack of electricity had just killed 6 people in a bar where his cousin works in the popular area of Bepanda. What happened : electricity was cut, and the owner of the bar turned on his generator. A few minutes later, power was back, and this caused the high voltage that created the fatal fire.

I thought: "This fire could have been avoided if the owner of the bar had known there would be a power cut, and the time when electricity would be back." Fortunately, my boyfriend's cousin wasn't working that night. An ordinary story.

Power cuts are a scourge in Cameroon, like in many other African countries. It goes to the point that only 20 % of the population have access to electricity, according to estimations by local civil society organizations, while the country has the 2nd hydroelectric potential of the continent.

This clearly has consequences on the economic vitality of the country and the social development of the people.

That's where our project comes in. 

What can be measured can be changed


Feowl is a platform that aims to provide data on the issue of electricity supply in Douala, Cameroon's economic capital : it will federate and give voice to those who are deprived of an essential service, and bring to the company in charge of electricity supply data related to real users' needs.

But to be implemented, Feowl needs your support. The project is now competing at the Knight News Challenge. Here is what you can do to show Feowl some love :-)


Click on this link, you will find a more detailed presentation of the project. If you have a Tumblr Account, you will just have to click on the heart icon:


If you don't, you will have to scroll down until you find this:




Just click on the Like button.
In any case, you can still have a look at the beautiful infographics designed by ppfffff-design. Thanks for your support.



vendredi 2 mars 2012

Why Cameroon Urgently Needs Open data

Recently I had to write an article, and needed to find a very specific piece of information: the budget dedicated in 2011 by the Cameroonian Government to anti-poaching policies. I thought it would take me 10 to 15 minutes maximum to find it on the web. I finally did, by pure chance, after three hours and a half of unsuccessful efforts. This is precisely one of those moments when I ask myself "When will the government of my country be touched by the holy spirit of open data?"


Wordle 4 Transparency Camp 2010 - From http://digiphile.wordpress.com

What is open data?

According to the Wikipedia definition, open data is a concept based on " the idea that certain data should be freely available to everyone to use and republish as they wish, without restrictions from copyright, patents or other mechanisms of control." It is declined in various fields, but let's focus on governance. I strongly believe that every decision made, every action taken in the name of the people of a country should be freely and publicly available to that people. Data are the only tangible elements that the people has to judge, evaluate its satisfaction of the social contract signed with the government it elected to run the country for a defined period, i.e. hold its rulers accountable for their policies. The only limit to this assumption is national security, which should be strictly interpretated, in my opinion. When talking about open data in governance, one can directly relate it to the notion of transparency, which I believe is the key to political and economic development (fr) on the African continent.

The example of Intra African Trade

Dr Bitange Ndemo, the Permanent Secretary of the Ministry of Information and Communications in Kenya, makes in the following video the link between governance, open data and transparency. According to him, the continent could make 400 billion USD per year if it developped intra-trade. But such thing is not possible for the moment, because of a lack of public data in most African countries. Taking the example of maize, he explains:

"We need Africa to put their data out, so that we can eliminate the many middlemen that we have, [who] make the cost of maize impossible, and the trading within Africa impossible."

"There is no continent that needs Opendata more than Africa"




I completely share that vision. And this does not only apply to trade. In a world of transparency, Cameroonian citizens for example have the right to know the exact amount of revenues generated thanks to oil exploitation, or the exact budget invested by the Government to renovation of public hospitals (if such budget even exists), etc. So many questions we could answer thanks to data, thus so many problems we could solve.

Yes. But let's not put the cart before the horse: the concept of transparency needs real democracy to blossom. Whether Cameroon is a real democracy or not, that is another debate...